Le rôle du finastéride dans le traitement de la perte de cheveux causée par des affections médicales

Le rôle du finastéride dans le traitement de la perte de cheveux causée par des affections médicales
18 novembre 2025 0 Commentaires Fabienne Martel

La perte de cheveux n’est pas toujours une question d’âge ou de style de vie. Dans de nombreux cas, elle est liée à des affections médicales sous-jacentes - diabète, troubles thyroïdiens, maladies auto-immunes, ou même certains traitements comme la chimiothérapie. Et quand les shampoings miracle et les compléments alimentaires ne suffisent plus, le finastéride entre en jeu. Mais comment fonctionne-t-il vraiment ? Est-il efficace quand la chute vient d’une maladie, et non juste d’une prédisposition génétique ?

Comment le finastéride agit-il sur les cheveux ?

Le finastéride est un médicament qui bloque une enzyme appelée 5-alpha-réductase. Cette enzyme transforme la testostérone en dihydrotestostérone (DHT), une hormone qui, chez les personnes sensibles, réduit la taille des follicules pileux jusqu’à ce qu’ils cessent de produire des cheveux. En réduisant le taux de DHT dans le cuir chevelu, le finastéride permet aux follicules de retrouver une croissance plus normale.

Ce mécanisme a été prouvé dans des études cliniques sur des hommes souffrant d’alopécie androgénétique. Mais ce n’est pas la seule situation où il peut aider. Quand une maladie comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou un déséquilibre hormonal chronique augmente la production de DHT, le finastéride peut ralentir ou même inverser la chute de cheveux. Il ne guérit pas la maladie, mais il atténue l’un de ses effets les plus visibles.

Quand la perte de cheveux vient d’une maladie

La perte de cheveux liée à une affection médicale est souvent différente de celle due à la génétique. Elle peut être soudaine, diffuse, et parfois accompagnée d’autres symptômes : fatigue, peau sèche, variations de poids, ou troubles du cycle menstruel. Dans ces cas, le finastéride n’est pas toujours la première solution.

Par exemple, si la chute est causée par une hypothyroïdie, le traitement principal doit être la prise d’hormones thyroïdiennes. Une fois que l’équilibre hormonal est rétabli, la perte de cheveux s’arrête souvent naturellement. Le finastéride n’a pas de rôle ici - sauf si, après la stabilisation de la thyroïde, la chute persiste à cause d’une sensibilité au DHT.

De même, dans le cas du lupus ou de l’alopecie areata, des maladies auto-immunes, le finastéride est inutile. Ces formes de perte de cheveux sont causées par une attaque du système immunitaire contre les follicules, pas par une surproduction de DHT. Ici, on utilise des corticoïdes, des traitements topiques ou des thérapies immunomodulatrices.

Le finastéride ne fonctionne que si la perte de cheveux est androgène-dépendante. Cela signifie qu’il faut d’abord identifier la cause exacte. Un dermatologue ou un endocrinologue peut prescrire des analyses sanguines pour mesurer les niveaux de testostérone, de DHT, de TSH, de ferritine, et d’autres marqueurs.

Effets du finastéride dans les cas médicaux spécifiques

Des études récentes montrent que le finastéride peut être utile dans certains contextes médicaux spécifiques. Chez les femmes atteintes de SOPK, qui produisent souvent trop de testostérone, une dose faible de finastéride (0,5 à 1 mg par jour) a permis de réduire la chute de cheveux chez 62 % des patientes après 12 mois, selon une étude publiée dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology en 2024.

Il en va de même pour les femmes ménopausées qui développent une perte de cheveux diffus après une chute brutale des œstrogènes. Dans ce cas, la testostérone devient relativement plus dominante, ce qui augmente la production de DHT. Le finastéride, utilisé à faible dose, peut aider à stabiliser la situation.

Attention : il ne s’agit pas d’un traitement universel. Chez les personnes atteintes de maladies du foie, le finastéride est contre-indiqué car il est métabolisé par le foie. Les patients sous traitement pour le cancer ou ceux ayant des troubles de la coagulation doivent aussi faire preuve de prudence.

Dermatologue examinant un trichogramme sous lentille, avec des résultats hormonaux en hologramme.

Les limites et les risques

Le finastéride n’est pas un médicament sans effets secondaires. Les plus connus sont une baisse de la libido, des troubles de l’érection, ou une diminution du volume du sperme. Ces effets sont rares - moins de 2 % des utilisateurs - mais ils peuvent persister même après l’arrêt du traitement, dans de rares cas.

Il est aussi important de savoir que le finastéride ne fait pas pousser de nouveaux cheveux là où les follicules sont morts. Il préserve les cheveux existants et peut les faire regagner en densité, mais seulement si les follicules sont encore vivants. C’est pourquoi il est plus efficace en début de chute, et moins utile après plusieurs années de perte totale.

En outre, les résultats ne sont visibles qu’après 6 à 12 mois. Beaucoup d’usagers arrêtent trop tôt, pensant que le traitement ne marche pas. En réalité, la croissance des cheveux est un processus lent. Il faut de la patience, et surtout, une surveillance médicale régulière.

Comment savoir si le finastéride est fait pour vous ?

Voici les trois questions à vous poser avant d’envisager le finastéride :

  1. La perte de cheveux est-elle progressive et localisée au sommet du crâne ou à la ligne des tempes ?
  2. Y a-t-il des signes d’excès d’androgènes : acné, pilosité excessive, cycles irréguliers ?
  3. Les analyses sanguines ont-elles montré un taux élevé de DHT ou un déséquilibre hormonal ?

Si la réponse est oui aux trois, alors le finastéride peut être une option. Si la chute est soudaine, diffuse, et sans lien avec les hormones, il faut chercher ailleurs : carence en fer, stress, médicaments, ou infection.

Un dermatologue peut aussi utiliser un trichogramme - une analyse microscopique des cheveux arrachés - pour voir si les follicules sont encore actifs. Cela permet d’éviter une prise inutile et potentiellement risquée.

Femme sur un toit au coucher du soleil, ses cheveux repoussent en lumière dorée, ses anciens soi disparus.

Alternatives et compléments

Le finastéride n’est pas la seule solution. Pour les femmes, la spironolactone - un diurétique qui bloque les récepteurs des androgènes - est souvent prescrite. Elle est moins puissante que le finastéride, mais plus adaptée au corps féminin.

Les traitements topiques comme le minoxidil peuvent être combinés au finastéride pour un effet synergique. Le minoxidil stimule la circulation sanguine au niveau du cuir chevelu, ce qui aide les follicules à recevoir plus d’oxygène et de nutriments.

En complément, une alimentation riche en fer, en zinc, en biotine et en oméga-3 soutient la santé des cheveux. Mais ces nutriments ne remplacent pas un traitement médical. Ils agissent comme un soutien, pas comme une solution.

La question de la durée du traitement

Le finastéride ne se prend pas quelques semaines, puis on arrête. Il faut le prendre quotidiennement, sans interruption, pour maintenir ses effets. Dès qu’on cesse, le DHT revient à son niveau initial, et la chute reprend dans les 6 à 12 mois.

Cela signifie que c’est un traitement à long terme - souvent à vie. Ce n’est pas une solution rapide, mais une gestion chronique, comme la prise d’antihypertenseurs ou de médicaments pour le diabète. Il faut être prêt à cette continuité.

Beaucoup de patients, surtout les femmes, hésitent à le prendre à long terme à cause des effets secondaires potentiels. Mais dans les études, les effets indésirables graves sont extrêmement rares chez les femmes prenant des doses faibles. Et les bénéfices - une perte de cheveux stoppée, une densité retrouvée - peuvent changer radicalement la qualité de vie.

Que faire si le finastéride ne marche pas ?

Si après 18 mois de traitement régulier, vous ne voyez aucun changement, il est temps de réévaluer. La cause de la chute n’est peut-être pas androgène. Ou alors, les follicules sont trop endommagés pour répondre.

Dans ce cas, d’autres options existent : les greffes de cheveux, les dispositifs à lumière LED, ou les traitements à base de plasma riche en plaquettes (PRP). Ces méthodes ne traitent pas la cause sous-jacente, mais elles peuvent améliorer l’apparence.

Le plus important, c’est de ne pas vous laisser piéger par les promesses des produits en vente libre. Aucun shampoing, aucune huile, aucun complément ne peut bloquer la DHT comme le fait le finastéride. Ce n’est pas un produit de beauté - c’est un médicament. Et comme tel, il doit être prescrit, suivi, et ajusté par un professionnel.

Le finastéride peut-il être utilisé par les femmes ?

Oui, mais seulement sous surveillance médicale et à faible dose (0,5 à 1 mg par jour). Il est prescrit aux femmes ayant une perte de cheveux androgène, souvent liée à un déséquilibre hormonal comme le SOPK ou la ménopause. Il est contre-indiqué pendant la grossesse ou l’allaitement.

Combien de temps faut-il pour voir les résultats avec le finastéride ?

Les premiers signes d’amélioration apparaissent généralement après 6 mois. Le résultat maximal est atteint entre 12 et 18 mois. Il est crucial de ne pas arrêter le traitement avant cette période, même si les changements sont subtils au début.

Le finastéride fait-il pousser de nouveaux cheveux ?

Il ne fait pas pousser de nouveaux cheveux là où les follicules sont morts. Il redonne de la force aux follicules encore vivants, en réduisant l’effet du DHT. Cela permet aux cheveux existants de devenir plus épais et de ne pas tomber aussi vite.

Le finastéride est-il dangereux pour le foie ?

Le finastéride est métabolisé par le foie, mais il ne cause pas de dommages hépatiques chez la plupart des personnes. Cependant, il est contre-indiqué en cas de maladie hépatique sévère. Une analyse de la fonction hépatique est parfois demandée avant la prescription.

Peut-on combiner le finastéride avec d’autres traitements ?

Oui. Il est souvent combiné avec le minoxidil topique pour un effet plus fort. Certains médecins ajoutent aussi des suppléments comme la biotine ou le zinc, mais uniquement pour soutenir la santé globale des cheveux, pas pour remplacer le traitement principal.