En bref
- Comprendre ce qu’est la leucémie lymphoblastique à chromosome positif.
- Suivre le diagnostic grâce à l’analyse cytogénétique et au dépistage du gène BCR‑ABL.
- Découvrir les traitements ciblés (imatinib, dasatinib, ponatinib) et leurs effets.
- Appréhender le quotidien d’un patient : effets secondaires, suivi et soutien psychologique.
- Retirer des conseils pratiques pour les nouveaux diagnostiqués et leurs proches.
Qu’est‑ce que la Leucémie lymphoblastique une forme de cancer du sang qui affecte les lymphoblastes, cellules immatures du système immunitaire à chromosome positif?
Cette maladie se démarque par la présence d’une anomalie chromosomique spécifique, généralement le transloque 9;22 qui crée le gène BCR‑ABL un oncogène fusionnel qui code une protéine à activité tyrosine kinase persistante. Cette protéine stimule la multiplication incontrôlée des lymphoblastes, conduisant à une accumulation de cellules immatures dans la moelle osseuse et à l’infiltration d’organes périphériques.
Le sous‑type «chromosome positif» représente environ 20% des leucémies lymphoblastiques de type adulte et se caractérise par une réponse favorable aux inhibiteurs de tyrosine kinase médicaments qui bloquent l’activité du gène BCR‑ABL. Cela a profondément changé le pronostic, passant d’une survie de quelques mois à plus de 70% de survie à cinq ans lorsqu’ils sont administrés tôt.
Le diagnostic: comment mon corps a donné l’avertissement
Tout a commencé par une fatigue inhabituelle, des ecchymoses sans raison et une légère fièvre qui ne partait plus. Après plusieurs semaines, mon médecin généraliste m’a prescrit une analyse sanguine complète. Les résultats montraient une anémie modérée, une thrombocytopénie et surtout une lymphocytose marquée. Le hématologue spécialiste du sang et des cancers hématologiques a recommandé une analyse cytogénétique examen du nombre et de la structure des chromosomes dans les cellules sanguines pour identifier d’éventuelles translocations.
Le jour du prélèvement, le laboratoire a détecté le transloque 9;22 et a confirmé la présence du gène BCR‑ABL. Ce résultat a immédiatement classé ma leucémie comme «chromosome positif». En moins de 48heures, j’ai reçu le diagnostic officiel: leucémie lymphoblastique à chromosome positif. Le choc émotionnel a été intense: le futur incertain, la perte de repères, le besoin de comprendre une maladie dont je n’avais jamais entendu parler.
Le choc du diagnostic: du miracle à la réalité
Mes premières semaines ont été marquées par la peur, les questions sur la mortalité et l’impact sur ma famille. J’ai découvert rapidement que le soutien psychologique, proposé par le centre de cancérologie unité hospitalière multidisciplinaire dédiée au traitement du cancer, était tout aussi crucial que le traitement médical. Des séances de groupe avec d’autres patients m’ont permis d’échanger des expériences, d’apprendre les termes clés et de ne pas se sentir seul.
Parallèlement, mon hématologue m’a expliqué le plan de traitement et les objectifs : réduire le nombre de cellules leucémiques à un niveau indétectable, puis maintenir la rémission grâce à une thérapie ciblée. La perspective d’un protocole «ciblé», moins toxique que la chimiothérapie traditionnelle, a allégé un peu la peur.

Le traitement ciblé: les inhibiteurs de tyrosine kinase en pratique
Le premier médicament prescrit a été imatinib un inhibiteur de tyrosine kinase de première génération qui bloque l’activité du gène BCR‑ABL. Le schéma thérapeutique était: 400mg par jour, à prendre le matin avec un verre d’eau. Après trois mois, les analyses sanguines montraient une chute de plus de 90% du nombre de lymphoblastes, un signe de réponse claire au traitement.
Au fil du temps, mon médecin a ajusté le traitement en fonction des effets secondaires et de la tolérance. Voici un tableau comparatif des trois inhibiteurs les plus couramment utilisés:
Inhibiteur | Génération | Posologie courante | Effets secondaires majeurs | Avantages spécifiques |
---|---|---|---|---|
Imatinib | 1ᵉʳ | 400mg/jour | Éruptions cutanées, malaise, œdèmes | Expérience clinique longue, suivi facile |
Dasatinib | 2ᵉ | 100mg/jour | Pleures, hypertension pulmonaire, myélodysplasie | Action plus puissante contre les mutations résistantes |
Ponatinib | 3ᵉ | 45mg/jour | Thromboembolie, hypertension, diarrhée sévère | Efficace contre la mutation T315I résistante |
Après une année de traitement, mon hématologue a proposé de passer à dasatinib en raison d’une légère résistance à l’imatinib détectée sur le test de mutation. La transition s’est faite sans complication majeure, mais le suivi des effets secondaires (principalement une fatigue persistante) a nécessité des ajustements de la dose.
Le quotidien: gérer les effets secondaires et les rendez‑vous
Les effets secondaires les plus fréquents ont été:
- Des nausées matinales, surtout pendant les premières semaines.
- Une légère perte de cheveux, qui a impacté mon estime de moi pendant le premier mois.
- Des crampes musculaires en soirée, souvent soulagées par une marche lente.
Pour limiter ces désagréments, j’ai mis en place une routine: petit‑déjeuner riche en protéines, prise du médicament avec de l’aliment, hydratation constante et exercices de respiration pour calmer l’anxiété. Les contrôles sanguins mensuels au centre de cancérologie étaient essentiels pour vérifier la charge leucémique et la fonction hépatique.
Chaque visite comportait trois étapes: prise de sang, consultation avec l’hématologue et éventuellement un rendez‑vous avec l’infirmier·ère de soutien psychologique. Ce maillage de soins multidisciplinaires a transformé la maladie d’un combat solitaire en une aventure partagée.
Le rôle de l’équipe médicale: au‑delà du médicament
Mon hématologue a joué le rôle de chef d’orchestre, coordonnant les différents spécialistes: pharmacologue pour ajuster les doses, physiothérapeute pour la fatigue, nutritionniste pour éviter les déficits vitaminiques. Le pharmacien hospitalier expert en préparation et suivi des traitements anticancéreux vérifiait chaque interaction médicamenteuse, ce qui était crucial quand j’ai dû prendre un antibiotique pour une infection urinaire.
Le soutien psychologique a été fourni par une psychologue spécialisée en oncologie, qui m’a aidé à exprimer mes peurs, à travailler sur la restructuration cognitive et à développer des stratégies de résilience. En parallèle, le groupe de parole du centre de cancérologie a favorisé le partage d’astuces: recettes anti‑nausées, astuces pour conserver la vitalité au travail, et même des témoignages sur la gestion administrative (arrêt maladie, assurances).
Leçons tirées et conseils aux nouveaux patients
Si vous venez d’entendre le terme «chromosome positif», voici ce qui m’a le plus aidé:
- Posez des questions précises. Demandez à votre hématologue comment le gène BCR‑ABL influence votre protocole.
- Notez chaque effet secondaire. Un journal quotidien vous permet de repérer les tendances et de les communiquer rapidement.
- Entourez‑vous d’une équipe multidisciplinaire. Ne vous limitez pas au médecin; infirmiers·ères, pharmaciens·nes et psychologues apportent une valeur ajoutée.
- Utilisez les ressources en ligne fiables. Les sites de la Société Française de Hématologie ou de l’INCa offrent des fiches patient très claires.
- Restez actif, même légèrement. Une promenade de 20minutes chaque jour améliore l’énergie et réduit l’anxiété.
Enfin, n’oubliez jamais que chaque parcours est unique. Les réponses aux traitements varient, les effets secondaires diffèrent, mais la volonté de vivre et le soutien autour de vous restent les piliers majeurs de la rémission.

FAQ
Qu’est‑ce qu’une leucémie lymphoblastique à chromosome positif?
C’est une forme de cancer du sang caractérisée par la présence d’une translocation chromosomique (généralement 9;22) qui crée le gène BCR‑ABL. Cette mutation entraîne une activité tyrosine kinase permanente, favorisant la multiplication des lymphoblastes.
Comment se fait le diagnostic?
Par une prise de sang montrant une anomalie des cellules sanguines, suivie d’une analyse cytogénétique ou d’une PCR qui détecte le transloque 9;22 et le gène BCR‑ABL.
Quels sont les traitements de première ligne?
Les inhibiteurs de tyrosine kinase (imatinib, dasatinib ou ponatinib) sont prescrits dès le diagnostic. Ils bloquent l’activité du gène BCR‑ABL et permettent souvent d’atteindre la rémission.
Quels effets secondaires faut‑il surveiller?
Nausées, fatigue, œdèmes, éruptions cutanées, et dans les cas rares, hypertension pulmonaire ou thrombose. Un suivi mensuel permet de détecter et gérer rapidement ces symptômes.
Quel est le pronostic aujourd’hui?
Grâce aux traitements ciblés, la survie à cinq ans dépasse 70% pour les patients qui répondent bien aux inhibiteurs de tyrosine kinase. La clé reste un diagnostic précoce et un suivi rigoureux.