Alendronate chez les femmes ménopausées : ce qu’il faut vraiment savoir

Alendronate chez les femmes ménopausées : ce qu’il faut vraiment savoir
6 novembre 2025 2 Commentaires Fabienne Martel

Si vous êtes une femme ménopausée et qu’on vous a prescrit de l’alendronate, vous n’êtes pas seule. Des millions de femmes dans le monde prennent ce médicament chaque année pour protéger leurs os. Mais combien comprennent vraiment pourquoi, comment, et surtout, ce qu’il faut éviter ? Ce n’est pas juste une pilule à avaler le matin. C’est un outil puissant - et s’il est mal utilisé, il peut causer plus de mal que de bien.

Qu’est-ce que l’alendronate, vraiment ?

L’alendronate est un bisphosphonate un médicament qui ralentit la dégradation naturelle des os en inhibant les cellules responsables de leur décomposition. Il a été développé dans les années 1990 pour traiter l’ostéoporose post-ménopausique, une maladie qui affaiblit les os après la ménopause, quand les niveaux d’œstrogènes chutent.

À partir de 50 ans, une femme sur trois va développer une ostéoporose. Les os perdent leur densité, deviennent poreux, et un simple chut peut provoquer une fracture du poignet, de la hanche ou de la colonne vertébrale. L’alendronate agit en ralentissant l’activité des ostéoclastes - les cellules qui détruisent l’os ancien. Cela permet aux ostéoblastes, les cellules qui construisent de nouveaux os, de rattraper le retard. Résultat : une densité osseuse plus stable, et une réduction de 50 % du risque de fracture vertébrale sur cinq ans, selon des données de l’European Society for Clinical and Economic Aspects of Osteoporosis and Osteoarthritis.

Comment prendre l’alendronate - et pourquoi les règles sont si strictes ?

Prendre l’alendronate n’est pas comme prendre un comprimé de vitamine D. Il y a des règles. Des règles strictes. Et elles existent pour une bonne raison : si vous ne les suivez pas, le médicament ne marche pas - ou pire, il vous blesse.

  • Prenez-le le matin, à jeun, avec un grand verre d’eau pure (au moins 200 ml).
  • Ne mangez ni ne buvez rien d’autre pendant 30 à 60 minutes après - pas de café, pas de jus d’orange, pas de lait, pas de médicaments.
  • Restez assise ou debout pendant cette période. Pas allongée. Pas couchée.
  • Ne prenez pas l’alendronate si vous avez des problèmes d’œsophage, une difficulté à avaler, ou une hernie hiatale non traitée.

La raison ? L’alendronate est très irritant pour l’œsophage. S’il reste trop longtemps en contact avec la paroi, il peut provoquer des ulcères, des inflammations, voire des saignements. Les études montrent que plus de 10 % des femmes qui ne suivent pas ces règles développent des irritations œsophagiennes. Et ces effets secondaires sont souvent sous-estimés par les médecins.

Les comprimés de 70 mg, pris une fois par semaine, sont les plus courants. Mais certains patients reçoivent des versions quotidiennes de 10 mg. La dose n’est pas choisie au hasard - elle dépend de votre densité osseuse, de votre âge, et de votre historique de fractures.

Les effets secondaires : ce qu’on ne vous dit pas toujours

On vous dit que l’alendronate peut causer des brûlures d’estomac. C’est vrai. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Des études publiées dans le Journal of Bone and Mineral Research ont montré que 1 à 5 % des patientes développent des douleurs musculaires ou articulaires sévères, souvent confondues avec une arthrite. D’autres rapportent des crampes, une fatigue intense, ou même des troubles du sommeil.

Il y a aussi un risque rare mais grave : l’ostéonécrose de la mâchoire. C’est une dégradation de l’os de la mâchoire, souvent déclenchée par une extraction dentaire ou une infection. Ce n’est pas fréquent - moins de 1 cas pour 10 000 patientes par an - mais il est réel. C’est pourquoi les dentistes demandent maintenant à leurs patientes si elles prennent des bisphosphonates avant toute intervention.

Et puis il y a la fracture atypique du fémur. Un type de fracture très rare, qui se produit sans traumatisme majeur, souvent dans la partie supérieure de la cuisse. Elle est liée à une utilisation prolongée - au-delà de 5 ans. C’est pourquoi les médecins recommandent désormais une pause après 3 à 5 ans de traitement, surtout si les os se sont stabilisés.

Scène en deux parties : à gauche, des os fragiles en décomposition ; à droite, des os solides et lumineux grâce à un traitement correct.

Combien de temps faut-il prendre l’alendronate ?

Il n’y a pas de réponse universelle. Pour certaines femmes, 3 ans suffisent. Pour d’autres, 5 à 10 ans sont nécessaires.

Le secret ? C’est l’évaluation régulière. Un examen de densité osseuse (DEXA) est recommandé tous les 1 à 2 ans après le début du traitement. Si votre T-score (le chiffre qui mesure la densité osseuse) est revenu à -2,0 ou mieux, et que vous n’avez pas eu de fracture, une pause thérapeutique peut être envisagée. Pendant cette pause, vous continuez à prendre du calcium et de la vitamine D - mais vous arrêtez l’alendronate.

Les données de l’International Osteoporosis Foundation montrent que les femmes qui font une pause après 5 ans ont un risque de fracture similaire à celles qui continuent, à condition qu’elles maintiennent un mode de vie sain. Ce n’est pas une décision à prendre seule. C’est une discussion à avoir avec votre médecin, en se basant sur vos chiffres, pas sur des généralités.

Que faire si vous ne supportez pas l’alendronate ?

Vous avez des nausées ? Des douleurs abdominales ? Une irritabilité chronique ? Vous n’êtes pas obligée de le supporter. Il existe d’autres options.

  • Risedronate : un autre bisphosphonate, souvent mieux toléré par l’estomac.
  • Denosumab : une injection tous les 6 mois, qui agit différemment - elle bloque une protéine appelée RANKL, qui active les ostéoclastes. Elle est plus efficace chez les femmes très fragiles.
  • Teriparatide : une injection quotidienne qui stimule la formation osseuse. Elle est réservée aux cas sévères, car elle ne peut être utilisée que pendant 2 ans maximum.
  • Abaloparatide : une alternative récente au teriparatide, avec un profil de sécurité légèrement meilleur.

Le choix dépend de votre âge, de votre risque de fracture, de vos antécédents médicaux, et de votre tolérance. Il n’y a pas de « meilleur » médicament - seulement le meilleur pour vous.

Le rôle du mode de vie : ce que les médicaments ne peuvent pas faire

Prendre de l’alendronate ne vous rend pas invulnérable. Si vous ne bougez pas, si vous ne mangez pas assez de calcium, si vous fumez ou buvez trop d’alcool, les os vont continuer à se fragiliser.

Les recommandations sont simples :

  • 1200 mg de calcium par jour - via les aliments (lait, yaourts, fromages, épinards, sardines) ou des compléments si nécessaire.
  • 800 à 1000 UI de vitamine D par jour - surtout en hiver, quand la lumière du soleil est faible.
  • 30 minutes d’activité physique par jour : marche rapide, danse, yoga, ou même jardinage. L’effort sur les os est ce qui les rend plus forts.
  • Arrêter de fumer. Le tabac diminue l’absorption du calcium et réduit la production d’œstrogènes.
  • Éviter les chutes : installer des rampes, enlever les tapis, bien éclairer les escaliers.

Une étude menée à Lyon en 2023 sur 1 200 femmes ménopausées a montré que celles qui combinaient traitement + mode de vie sain avaient une réduction de 72 % du risque de fracture, contre 45 % pour celles qui ne prenaient que le médicament.

Femme chez le dentiste, avec une représentation holographique de sa mâchoire saine, entourée de symboles de prévention.

Les erreurs courantes - et comment les éviter

Voici les 5 erreurs les plus fréquentes que je vois chez les patientes :

  1. Prendre l’alendronate avec du café ou du jus d’orange - ça bloque son absorption à 90 %.
  2. Prendre le comprimé avant de se lever - ça augmente le risque d’irritation œsophagienne.
  3. Arrêter le traitement après 2 mois parce que « ça ne fait rien » - les effets se voient après 6 à 12 mois.
  4. Ne pas faire de contrôle de densité osseuse - vous ne savez pas si ça marche.
  5. Ignorer les douleurs osseuses ou articulaires - ce n’est pas « normal », c’est un signal d’alerte.

La clé ? Ne traitez pas l’alendronate comme un simple médicament. Traitez-le comme un pilier de votre santé osseuse - avec des règles, des contrôles, et un accompagnement.

Foire aux questions

L’alendronate peut-il causer des problèmes dentaires ?

Oui, dans de rares cas, l’alendronate peut augmenter le risque d’ostéonécrose de la mâchoire, une condition où l’os de la mâchoire commence à se dégrader. Cela arrive surtout après une extraction dentaire, une chirurgie ou une infection. Ce risque est très faible - moins de 1 cas pour 10 000 patientes par an - mais il est réel. C’est pourquoi il est essentiel d’informer votre dentiste que vous prenez un bisphosphonate avant tout traitement dentaire.

Puis-je prendre de la vitamine D avec l’alendronate ?

Oui, et c’est même recommandé. La vitamine D aide votre corps à absorber le calcium, ce qui rend l’alendronate plus efficace. Mais ne les prenez pas en même temps. Prenez l’alendronate le matin à jeun, avec de l’eau, puis attendez 30 à 60 minutes avant de prendre votre complément de vitamine D ou de calcium. Sinon, l’absorption du médicament sera réduite.

L’alendronate est-il dangereux pour les reins ?

L’alendronate n’est pas directement toxique pour les reins, mais il est éliminé par les reins. Si vous avez une insuffisance rénale modérée à sévère (clairance de la créatinine inférieure à 30-35 ml/min), il est généralement contre-indiqué. Votre médecin doit vérifier votre fonction rénale avant de vous le prescrire, et parfois répéter l’analyse pendant le traitement.

Est-ce que l’alendronate fait grossir ?

Non, l’alendronate n’est pas associé à une prise de poids. Certains patients rapportent une rétention d’eau ou une sensation de gonflement, mais ce n’est pas un effet direct du médicament. Si vous prenez du poids après avoir commencé le traitement, cela peut être lié à d’autres facteurs : changement d’activité, alimentation, ou hormones. Parlez-en à votre médecin pour en identifier la cause.

Combien de temps faut-il attendre pour voir les effets de l’alendronate ?

Les effets sur la densité osseuse ne sont visibles qu’après 6 à 12 mois de traitement régulier. Les fractures, elles, se réduisent après 1 à 2 ans. Ce n’est pas un médicament qui agit rapidement. Il agit sur le long terme. La patience est essentielle - et les contrôles réguliers (DEXA) sont la seule façon de savoir si ça fonctionne pour vous.

Prochaines étapes : ce que vous pouvez faire dès maintenant

Si vous prenez déjà de l’alendronate :

  • Regardez votre calendrier : avez-vous bien suivi les règles de prise ces derniers mois ?
  • Consultez votre médecin pour un bilan de densité osseuse si vous n’en avez pas fait depuis plus d’un an.
  • Évaluez votre mode de vie : mangez-vous assez de calcium ? Bougez-vous suffisamment ? Fumez-vous ?

Si vous n’êtes pas encore sous traitement, mais que vous êtes ménopausée et que vous avez un risque élevé de fracture :

  • Demandez un test DEXA - c’est rapide, indolore, et souvent remboursé.
  • Parlez à votre médecin des alternatives à l’alendronate si vous avez des antécédents d’ulcères ou de problèmes digestifs.
  • Ne laissez pas la peur vous empêcher de protéger vos os. L’ostéoporose est silencieuse - mais elle n’est pas inévitable.

2 Commentaires

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    Gabrielle Aguilera

    novembre 6, 2025 AT 23:03

    J’ai pris l’alendronate 3 ans, et j’ai eu une douleur au fémur qui m’a fait tomber en faisant du yoga… J’ai cru que c’était une tendinite. En fait, c’était une fracture atypique. J’ai arrêté, et depuis, je fais du poids et de la vitamine D. Mes os sont mieux qu’avant. 🙌

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    lou the warrior

    novembre 7, 2025 AT 07:57

    Je déteste ça. Ça me brûlait la gorge. J’ai arrêté après 2 semaines.

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