Vous avez peut-être déjà reçu un médicament qui ressemblait exactement à celui que votre médecin vous avait prescrit, mais avec un emballage différent, une couleur changée, et surtout, sans le nom de la marque. Vous vous êtes demandé si c’était la même chose. La réponse est oui. Ce sont les génériques autorisés : le même médicament, fabriqué par la même entreprise, mais vendu sous un autre étiquetage.
Qu’est-ce qu’un générique autorisé ?
Un générique autorisé n’est pas un médicament générique comme les autres. Il est produit par le fabricant du médicament de marque, exactement dans la même usine, avec les mêmes ingrédients actifs, les mêmes excipients, la même méthode de fabrication. La seule différence ? Il n’a pas le nom de la marque sur l’emballage. Il est vendu comme un générique, mais c’est en réalité le produit original, juste débarrassé de son branding.
En France, ce modèle est moins courant qu’aux États-Unis, mais il existe bel et bien. Aux États-Unis, la FDA le définit clairement : c’est un médicament approuvé sous une demande de nouveau médicament (NDA), mais commercialisé avec un étiquetage, un code ou un nom différent de celui du produit de marque. Il n’a pas besoin d’une nouvelle autorisation de mise sur le marché, car il repose sur la même demande d’origine. Pas de tests de bioéquivalence, pas de nouveaux essais cliniques. Juste une étiquette différente.
Pourquoi existent-ils ?
Leur apparition est liée à une loi américaine de 1984, le Hatch-Waxman Act. Cette loi a créé un système pour encourager la production de médicaments génériques : le premier fabricant à contester un brevet de marque obtient 180 jours d’exclusivité sur le marché des génériques. C’est un incitatif puissant pour les entreprises de génériques de déposer des contestations juridiques.
Mais les grands laboratoires ont trouvé un contournement. Plutôt que de laisser ce marché leur échapper, ils ont créé leurs propres versions génériques. Pfizer, par exemple, a créé Greenstone. Procter & Gamble a lancé Prasco. Ces filiales produisent et vendent le même médicament que la marque, mais en tant que générique. Et elles le font souvent juste avant ou pendant la période d’exclusivité des génériques traditionnels.
Le résultat ? Les entreprises de marque conservent une part du marché générique. Elles gagnent de l’argent sur les deux fronts : le prix élevé de leur produit de marque, et le prix bas de leur propre générique. Les consommateurs paient moins, mais les profits du laboratoire ne chutent pas autant qu’ils le devraient.
Comment les distinguer des génériques classiques ?
Les génériques classiques doivent prouver qu’ils sont bioéquivalents au médicament de marque. Cela signifie qu’ils contiennent le même ingrédient actif, mais ils peuvent avoir des excipients différents - ce qui change parfois la forme, la couleur ou la taille des comprimés. Parfois, les patients remarquent une différence dans l’effet ou la tolérance, même si ce n’est pas toujours justifié scientifiquement.
Les génériques autorisés, eux, ne changent rien. Même forme, même couleur, même goût, même excipient. La seule différence visible est l’étiquetage. Parfois, un petit code ou une marque différente sur le comprimé permet de les distinguer. Mais chimiquement, c’est l’identique. C’est pourquoi certains médecins et pharmaciens les préfèrent : pas de risque d’erreur, pas de doute sur l’équivalence.
Un problème pour les génériques traditionnels ?
Oui. Et c’est là que ça devient controversé. Le système du Hatch-Waxman Act a été conçu pour récompenser les entreprises qui osent contester les brevets. En échange, elles obtiennent 180 jours sans concurrence. Mais si le laboratoire de marque lance son propre générique pendant cette période, il écrase la concurrence. Le premier générique ne vend plus rien. Il ne récupère pas son investissement. Et le système perd de son sens.
Des études publiées dans Health Affairs en 2023 montrent que cette pratique est devenue courante. Dans certains cas, jusqu’à 70 % des ventes de génériques d’un médicament donné viennent du générique autorisé, pas du premier challenger. Les entreprises de génériques se plaignent de ce « piratage » du système. Les autorités sanitaires, elles, ne l’interdisent pas. Elles le tolèrent, car les patients paient moins, et la qualité est garantie.
Comment les reconnaître à la pharmacie ?
À la pharmacie, c’est difficile. Les génériques autorisés n’apparaissent pas dans l’Orange Book de la FDA, la base de données officielle des médicaments approuvés. Les pharmaciens ne peuvent pas les identifier par un simple code. Ils doivent consulter une liste séparée, tenue à jour par la FDA, ou vérifier directement avec le fabricant.
En pratique, si vous recevez un médicament avec le nom de l’ingrédient actif (ex : atorvastatine) mais que vous savez que votre médecin vous a prescrit Lipitor, il est possible que ce soit un générique autorisé. Demandez à votre pharmacien : « Est-ce que c’est le même que le médicament de marque ? » S’il répond oui, c’est très probablement un générique autorisé.
Les patients qui ont déjà utilisé un générique autorisé disent souvent qu’ils n’ont pas remarqué de différence. Ils ne ressentent rien de nouveau. Le médicament agit exactement comme avant. La seule surprise, c’est le prix plus bas et l’emballage plus simple.
Les avantages pour les patients
Les avantages sont clairs : vous payez moins, souvent 30 à 50 % moins cher que le médicament de marque, mais vous avez exactement le même produit. Pas de risque de variation d’efficacité. Pas de risque d’effets secondaires liés à des excipients différents. C’est une garantie de qualité, sans le prix de la marque.
Et pour les systèmes de santé ? Moins de dépenses publiques. Moins de coûts pour les assurances. Moins de factures pour les patients. C’est une solution simple, efficace, et souvent sous-estimée.
Les limites et les critiques
Le principal reproche, c’est que les génériques autorisés affaiblissent l’incitation à produire des génériques traditionnels. Si les laboratoires de marque peuvent simplement lancer leur propre version, pourquoi quelqu’un irait-il risquer des millions de dollars en procès pour contester un brevet ?
De plus, il y a une confusion chez les patients. Certains pensent que le générique est moins bon. D’autres croient que le générique autorisé est une « version premium » du générique, alors qu’il est exactement le même que la marque. La communication est mauvaise. Les médecins ne parlent pas toujours de cette option. Les pharmaciens ne la mentionnent pas toujours.
Et puis, il y a un risque de monopole. Si un seul laboratoire contrôle à la fois la marque et le générique autorisé, il peut fixer les prix comme il le veut. Le marché n’est plus vraiment concurrentiel. Il est juste un peu plus opaque.
Quel avenir pour les génériques autorisés ?
Leur nombre continue d’augmenter. À mesure que les brevets des médicaments phares expirent - comme ceux pour les traitements du cholestérol, du diabète ou de l’hypertension - les laboratoires utilisent de plus en plus cette stratégie. Des filiales spécialisées sont créées, comme Patriot ou Prasco, uniquement pour produire ces versions.
Les autorités sanitaires ne semblent pas prêtes à les interdire. La FDA les reconnaît officiellement, les liste, et les considère comme sûres. En France, l’ANSM n’a pas encore développé de cadre spécifique, mais les produits similaires existent déjà sous d’autres formes.
Le vrai défi, à l’avenir, ne sera pas de les éliminer, mais de les rendre transparents. Que les patients sachent qu’ils reçoivent le même médicament. Que les médecins puissent les prescrire en toute confiance. Que les pharmaciens puissent les identifier facilement. Et que les systèmes de santé comprennent que ce n’est pas un piège, mais une opportunité - si elle est bien gérée.
Que faire si vous en recevez un ?
Si vous voyez un changement d’emballage ou de couleur, ne paniquez pas. Vérifiez le nom de l’ingrédient actif. Il doit être identique à celui de votre ordonnance. Demandez à votre pharmacien : « Est-ce que c’est le même que le médicament de marque ? » S’il répond oui, vous avez un générique autorisé. Vous pouvez le prendre en toute confiance.
Et si vous avez des doutes ? Demandez une copie de la notice. Comparez les ingrédients. Vous verrez qu’ils sont identiques. Ce n’est pas un nouveau médicament. C’est le même, juste sans le logo.
Les génériques autorisés ne sont pas un mystère. Ce sont une logique économique déguisée en simple étiquette. Mais pour vous, patient, ils sont une bonne nouvelle : moins cher, aussi efficace, aussi sûr. Il suffit de savoir ce que vous avez entre les mains.
Un générique autorisé est-il vraiment identique au médicament de marque ?
Oui, absolument. Un générique autorisé est fabriqué par le même laboratoire que le médicament de marque, dans la même usine, avec les mêmes ingrédients actifs et les mêmes excipients. La seule différence est l’étiquetage. Il n’y a aucune différence thérapeutique, ni en efficacité, ni en sécurité.
Pourquoi un générique autorisé coûte-t-il moins cher que le médicament de marque ?
Parce qu’il n’a pas les coûts de marketing, de publicité et de branding associés au nom de la marque. Le laboratoire ne dépense pas d’argent pour promouvoir ce produit comme un produit nouveau. Il vend simplement le même médicament sous un nom générique, ce qui permet de réduire le prix sans réduire la qualité.
Les génériques autorisés sont-ils disponibles en France ?
En France, ce modèle n’est pas officiellement reconnu comme aux États-Unis, mais des produits similaires existent. Certains laboratoires proposent des versions sans marque de leurs propres médicaments, souvent en tant que « génériques » classiques, mais sans changement de formule. Le cadre réglementaire français ne distingue pas encore clairement les « génériques autorisés », mais les produits sont présents sur le marché.
Comment savoir si mon médicament est un générique autorisé ?
Vérifiez le nom du laboratoire sur l’emballage. S’il correspond au fabricant du médicament de marque (ex : Pfizer pour Lipitor), c’est très probablement un générique autorisé. Vous pouvez aussi demander à votre pharmacien. Il peut consulter la base de données de l’ANSM ou contacter le laboratoire pour confirmer.
Les génériques autorisés sont-ils sûrs pour les enfants ou les personnes âgées ?
Oui. Puisqu’ils sont identiques au médicament de marque, ils sont aussi sûrs pour les enfants, les personnes âgées ou les patients fragiles. Leur composition exacte est la même, donc leur tolérance et leur efficacité sont identiques. Il n’y a aucune raison de les éviter pour ces groupes.
Gilles Donada
novembre 17, 2025 AT 07:36Ce système est une blague. Les labos gardent tout l’argent en cachant leur marque derrière un nom générique. Pas de transparence, juste du profit déguisé.